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Citations, Proverbes, Histoires, Blagues, Recettes Amérindiennes N° 142


Chaque problème propose sa solution. Tout conflit voit toujours venir sa fin. Chez les belligérants, la cohabitation peut s'entrevoir sous plusieurs aspects : on ne se supporte pas ou on s'entretue. Mais on peut finir par s'aimer ! La tolérance triomphe quand chacun y met du sien0 Jusqu'au jour où elle met définitivement fin aux hostilités.
À la Lune-de-Ia-Saison-Froide un groupe de Chippewa décida d'aller pêcher sur le lac. Ils avancèrent
sur la glace et creusèrent des trous pour avoir accès à l'eau. Un clan de Cree pêchait déjà un peu plus loin. La tempête faisait rage et la neige tombait si drue que les deux tribus ennemies ne se virent pas.
Au cours d'une accalmie, un Chippewa aperçut un autre pêcheur près de son trou. De beaux poissons gisaient à ses pieds. Il lui dit :
- Les saumons mordent mieux à ta ligne qu'à la mienne.
Le Cree reconnut un Chippewa à son langage et ne répondit pas.
Après un petit moment, il s'éloigna et alla apprendre à ses compagnons que des Chippeway pêchaient sur la glace.
La neige cessa de tomber. Les deux tribus se découvrirent et aussitôt engagèrent le combat. Ils luttèrent tant et si bien qu'un seul homme resta dans chacun des camps adverses.
Ces vaillants guerriers tentèrent en vain de s'exterminer. N'y arrivant pas, ils s'assirent et échangèrent leur nom. Le Chippewa s'appelait Œil Forte-Lance. Le Cree se nommait Flèche-Volante.
- Tout notre appareillage de pêche est perdu, dit le Chippewa
- Comment allons-nous pêcher maintenant? dit le Cree.
Le Chippewa s'arracha un doigt, le recourba et le rendit à son ennemi.
- Prends cet hameçon, tu me le rendras plus tard.
Si seulement nous avions une ligne...
Le Cree s'arracha une grosse mèche de cheveux, la tressa en un long fil, et dit :
- Attachons l'hameçon à cette ligne et pêchons.
Une nouvelle troupe de Cree survint. Les Braves regardèrent les morts des deux camps et désignèrent l'inconnu.
- Qui est celui-ci ?
- C'est un Chippewa, mais ne l'attaquez pas. Il est plus fort que nous tous réunis.
Cependant, les Cree étaient furieux qu'autant des leurs aient succombé. Ils lièrent le Chippewa à un arbre, décidés à le brûler.
Quand les flammes atteignirent Forte-Lance, celui-ci rompit ses liens et éparpilla le bois enflammé autour de lui.
- Je vous l'avais bien dit ! s'écria Flèche-Volante. Ce Chippewa possède une puissante médecine, il est bien plus fort que nous tous.
Les Cree, qui regardaient Forte-Lance faire voler les bâtons à coups de pied, furent brûlés par les tisons.
- Je vous avais prévenus, dit encore Flèche-Volante. Revenons dans notre village, j'hébergerai ce Chippewa sous ma tente. Ainsi firent-ils.
Dans le tepee de Flèche-Volante, il y avait deux femmes. Le Cree prit la plus laide et la jeta dans les bras de son nouvel ami. Mais Forte-Lance la rejeta vers lui. Alors, le Cree fit de même avec la plus jolie. Cette fois, le Chippewa la garda et en fit sa femme,
Forte-Lance ce bâtit un tepee à l'orée du village et sa nouvelle épouse lui donna deux fils. Après plusieurs neiges, alors que Forte-Lance était à la chasse, il vit de nombreuses empreintes de pas sur le sol. Il les suivit et découvrit qu'il s'agissait des gens de son ancien village. Forte-Lance raconta aux siens qu'il vivait maintenant chez les Cree. Le chef de guerre lui demanda :
- Veux-tu rester avec nous ou retourner là-bas? Nous devons justement attaquer tes nouveaux amis.
- Je préfère rejoindre ma femme et mes enfants.
- Nous ne voulons pas te tuer par erreur. Dans quel tepee habites-tu ?
- Dans un tepee de peau non tannée.
Lorsqu'il revint chez les Cree, Forte-Lance recommanda à son épouse de ne pas laisser s'éloigner les enfants. Puis, il alla trouver son ami Flèche-Volante.
- Tiens, prends ma lance et tue-moi.
- Pourquoi le ferais-je ?
- Les Chippewa vont vous attaquer. J'en suis un moi aussi et en portant un coup contre toi je tuerais mon frère. Flèche-Volante réfléchit à la situation, et dit :
- Depuis longtemps je projette d'aller chasser dans la montagne. Je partirai cette nuit.
- Ton choix est bon. Vers le nord, mon frère fera certainement une très bonne chasse.
Flèche-Volante démonta donc son tepee et s'éloigna avec sa femme et ses enfants. Dès que la lune montra ses yeux tristes, les Chippewa passèrent à l'attaque. Ils rasèrent le village des Cree, à l'exception
d'une tente faite de peau non tannée. Mais un des enfants de Forte-lance fut tué pendant le combat. Le père en fut exaspéré et la mère pleura son fils. Le chef de guerre dit à Forte-lance :
- Il s'agit d'une malheureuse méprise. Nous allons réparer. Prends cet enfant, il est du même âge que celui que tu as perdu.
Forte-Lance se tourna vers son épouse:
- Femme, acceptes-tu ce nouvel enfant ?
Elle cessa de pleurer et le fit s'asseoir près d'elle.
- C'est bon ! dit le Chippewa. Ce petit fait maintenant partie de la famille.
Lorsque la tribu des Chippewa s'en fut allée, Forte-Lance dit encore à sa femme:
- Démonte notre tepee. Nous allons rejoindre Flèche-Volante dans les montagnes du Nord.
Cette triste histoire se répéta partout. Et depuis ce jour, les Chippewa et les Cree ne se firent plus jamais la guerre.

Tiré du livre : Mille ans de contes, histoires et légendes à raconter aux enfants avant d'aller dormir aux éditions Milan (isbn : 9782841134496)

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