Les Black Hills (Paha Sapa)

L'homme blanc nous propose cent millions de dollars pour nos Black Hills. Mais cent millions de dollars ne suffiraient pas pour acquérir notre Montagne Sacrée. Pas plus que quatre cents milliards. Ils ne paieraient même pas les dégats que vous avez faits. Vous ne pourrez jamais nous dédommager pour tout ce que vous nous avez volé et détruit. Vous ne pourrez jamais rembourser les milliers d'Aigles que vous avez tués, ni les bisons et autres bêtes sauvages. Et vous ne pourrez pas effacer votre dette pour tous les Indiens que vous avez massacrés.

Les Black Hills ne sont pas à vendre : nous sommes sortis de cette Terre, nos ancêtres y sont enterrés et nous y célébrons nos cérémonies sacrées. C'est le berceau et la Terre des Lakotas. Que diriez-vous si nous vous offrions cent millions de dollars pour acquérir le Vatican. Croyez-vous que c'est un hasard que vous nous avez ramenés de force dans les Black Hills et les Badlands, pour vous apercevoir ensuite que ces Terres sont riches en or, cuivre, charbon et uranium ? Aujourd'hui vous convoitez l'uranium. Mais vous ne l'aurez pas. Nous sommes les gardiens de l'uranium de Grand-Mère Terre. Si vous l'obteniez, vous ne vous en serviriez que pour détruire le monde créé par Dieu.

Les Black Hills (Paha Sapa)

Les Black Hills sont pour les Lakota, une des branches Sioux, "le Cœur de Tout ce qui Est" ou, comme le disait un Ancien, "les Black Hills sont le cœur de notre pays et le pays de notre cœur".

Les lakota considèrent que les Black Hills sont la plus ancienne formation du monde qui seule aurait résisté à un grand cataclysme, quand Maka avait dû se secouer pour détruire le mal, un nettoyage rendu nécessaire par "la nature destructrice des êtres humains".

Une course de quatre jours avait été organisée autour du "Cœur de Tout ce qui Est" entre les animaux à quatre pattes, fort mécontents des humains, et les oiseaux qui avaient accepté de "courir" pour les hommes. Rien moins que la survie de l'espèce humaine était en cause. Les oiseaux avaient gagné et les hommes avaient été autorisés à continuer à vivre et à chasser les animaux pour leur subsistance, à condition de ne pas abuser de leur pouvoir et de respecter les êtres vivants, les autres enfants de Maka.

Les Lakota se sont ainsi efforcés de vivre selon une morale de respect mutuel (Ohokicilapi) dans le tiyospaye, dans la tribu, dans le monde. La trace laissée par cette course serait cette curieuse formation d'argile rouge qui entoure les Black Hills. C'est le Cercle Sacré (Cangleska Wakan) qui correspond dans le monde céleste à un grand cercle d'étoiles passant par Sinus, Castor et Pollux, Capella, les Pléiades, Rigel.

Depuis quinze ans, une course spirituelle de 500 miles (800 km) commençant et finissant à Bear Butte, est organisée par les Lakota pour renouveler le mythe fondateur, prier pour que le peuple retrouve ses voies traditionnelles et réaffirmer les droits de la nation sioux sur les Black Hills. L'histoire des Lakota tourne toujours autour des collines sacrées. On revient toujours à Paha Sapa.

L'histoire sur les Black Hills le cœur de la nation lakota

Le traité signé à Fort Laramie en 1868 mettait le massif des Black Hills au centre du grand territoire reconnu aux nations sioux et à leurs alliés Cheyenne et Arapaho. Afin d'ouvrir les collines aux chercheurs d'or et de punir les tribus rebelles, le Congrès des états-Unis décidait en 1877 l'annexion des Black Hills.

Les Sioux et en particulier les Lakota n'ont jamais renoncé à faire reconnaître leurs droits sur les Black Hills. En 1977, la commission chargée d'examiner les revendications indiennes accorde aux Sioux une indemnité de 17,5 millions de dollars pour la perte des Black Hills. En avril 1980, la Cour Suprême des états-Unis porte l'indemnité à 105 millions de dollars.

L'un des juges reconnaît que la saisie des Black Hills a été de la part du pouvoir américain une action honteuse. Par un référendum tenu en juin, les nations sioux rejettent l'indemnité et réclament le retour des Black Hills, proclamant : "Les Black Hills ne sont pas à vendre ! Nos ancêtres sont morts pour les Black Hills. Nous ne les vendrons jamais !"

A leur tour, les conseils tribaux des huit nations concernées refusent l'argent. En 1985, un projet émanant de traditionalistes oglala pour une restitution d'une partie des Black Hills à la nation sioux est présenté devant le Congrès par le sénateur BilI Bradley. Il prévoit de rendre aux Sioux 1/7 du massif uniquement des forêts nationales. Le Congrès le repousse. En 1989, un second projet est présenté, identique au précédent, mais exigeant une indemnité pour les terres demeurant entre les mains des Blancs.

Cette proposition conçue par les Grey Eagles, des Anciens oglala, et soutenue au Congrès par le sénateur Martinez est également repoussée. Les élus du Dakota du Sud l'ont formellement rejetée, car il va sans dire que les habitants blancs des Black Hills sont largement opposés à toute restitution de terres aux Sioux. Les élus républicains au Congrès, majoritairement hostiles aux revendications indiennes, estiment que les Sioux ont été payés pour les Black Hills et que la question est réglée.

La position juridique des Sioux est pourtant très forte. Ils possèdent sur les Black Hills un "titre indigène" résultant de l'occupation longue et continue d'un territoire par un peuple tribal, titre reconnu par le droit international. Ils possèdent les Black Hills aux termes du traité de fort Laramie de 1868 signé entre deux nations souveraines et par conséquent soumis au droit international.

Plusieurs sondages récents montrent qu'une très large majorité des Sioux, en particulier des Lakota, continue à refuser l'indemnisation qui se monte maintenant, avec les intérêts, à près de 400 millions de dollars. Il faut souligner que malgré leur pauvreté - les réserves du Dakota du Sud sont les plus misérables des états-Unis - aucune voix ne s'est jamais élevée parmi les Lakota pour réclamer le versement de l'argent qui se trouve actuellement dans les caisses du ministère de l'intérieur.

C'est l'un des rares exemples où, dans le monde moderne, on voit de l'argent refusé pour des raisons de morale et de dignité. Les Black Hills rapportent beaucoup d'argent aux entreprises qui y sont installées. Le Mont Rushmore, où ont été sculptées dans les années 1930 les statues géantes de quatre présidents, attire des foules de touristes. Deadwood, où les frères Costner ont de gros intérêts, est la ville des casinos et c'est à Sturgis, près du site sacré de Bear Butte, qu'a lieu tous les ans le plus grand rassemblement de motards du monde.

Mount Rushmore National Memorial

Les états du Dakota du Sud et du Wyoming se partagent les énormes revenus des coupes de bois qui dévastent les collines. Les mines d'or, terriblement polluantes, sont très prospères. Les mines d'uranium de la région d'Edgemont, maintenant abandonnées, ont laissé d'énormes quantité de déchets radioactifs qui polluent les eaux du flanc est des collines, coulant vers Pine Ridge.

Black Hills

Les lakota sont douloureusement affectés par les dévastations opérées dans leurs collines sacrées depuis plus de cent ans. Aussi sont-ils très vigilants quand, tous les quinze ans, le plan de développement des forêts nationales des Black Hills doit être redéfini. C'est en 1897 que les coupes de bois dans les forêts nationales des Black Hills ont été officiellement planifiées.

Depuis cette date, environ 150 millions de m3 de bois ont été tirés des Black Hills. Le plan qui doit prendre effet en 1998 prévoit l'exploitation de 10000 hectares de forêt par an afin de produite sur quinze ans 3 millions de m3 de bois. Quatre grandes scieries et six plus petites débitent en permanence les arbres des Black Hills. L'un des fonctionnaires qui gère les terres fédérales des Black Hills vient de donner son accord pour le forage d'une nouvelle mine d'or d'où l'on compte extraire 5,5 millions de tonnes de minerais aurifère, ce qui entraînera l'épandage de déchets de roche sur une surface de 5 hectares de forêt. Des éleveurs louent des prairies à l'office fédéral des forêts. Environ 25 000 bovins y pâturent de mai à septembre.

Les nations indiennes qui ont des liens avec les Black Hills estiment ne pas être suffisamment consultées sur les projets de développement des collines. Les dernières consultations entre les Lakota et les gestionnaires des Forêts nationales des Black Hills remontent à 1989. Plusieurs nations indiennes ont fait alliance avec des associations écologistes comme le Sierra Club, Audubon Society, Wilderness Society qui, pour certaines, ont porté plainte contre l'office fédéral des forêts pour sa gestion des Black Hills.

Les tribus de Rosebud et Standing Rock, ainsi que la Grey Eagle Society se sont jointes à la plainte du Sierra Club, tandis que les Oglala de Pine Ridge portaient plainte séparément. Les nations sioux sont particulièrement vigilantes en ce qui concerne l'avenir des forêts nationales des Black Hills car c'est précisément sur ces terres que portent les deux propositions de loi présentées au Congrès en 1985 et 1989 pour le retour d'une partie des Black Hills a la Grande Nation Sioux.

"L'une des raisons de notre inquiétude est que l'office fédéral des forêts ne tient aucun compte de notre souveraineté ni de nos droits reconnus par traités", déclare Philip Under Baggage du Conseil exécutif de la nation oglala. Les Oglala ont demandé que des tribus qui ont des liens historiques et culturels avec les Black Hills comme les Cheyenne et les Arapahos ainsi que Kiowa, aient aussi leur mot à dire dans la gestion des Black Hills. L'étude d'impact environnemental sur laquelle se fonde le projet de développement présenté par l'office fédéral des forêts identifie certaines conséquences négatives du développement, en particulier une modification des cours d'eau due à la déforestation.

Le développement des mines, l'exploitation du pétrole et du gaz pourraient également, selon l'étude, avoir des conséquences négatives sur l'environnement - ce qui est assez évident. Pourtant, le rapport estime que l'exploitation forestière et minière a "des retombées positives sur la création d'emplois et sur les revenus des personnes et des comtés de la région". L'exploitation forestière emploie actuellement 1600 personnes et la vente du bois s'élève annuellement à 190 millions de dollars. Mais, que représentent 1600 emplois pour une économie américaine super puissante qui, nous dit-on, créé des centaines de milliers d'emplois tous les mois?

Une prospérité dont les Indiens profitent bien peu. La controverse entre l'Office fédéral des forêts et les nations indiennes illustre deux approches totalement opposées : la conception économique basée uniquement sur le profit et la conception spiritualiste basée sur des concepts religieux. "Depuis un siècle quand l'exploitation forestière a commencé, presque chaque hectare des Black Hills a déjà été coupé", annonce fièrement la Black Hills Forest Resource Association qui voit la forêt comme une simple plantation d'arbres où l'on récolte le bois. Ce qui est considéré par les exploitants forestiers comme un signe de dynamisme économique dont il y a lieu de se flatter est pour les traditionalistes indiens une pure et simple profanation.

Pour les Lakota, Paha Sapa est une terre sacrée. Les collines sont le centre de l'univers et elles doivent demeurer telles qu'elles ont été créées au commencement des temps par Wakan Tanka.

"Elles sont notre autel dressé vers Dieu. C'est là que la Grande Course a eu lieu. C'est là que se trouve Wind Cave d'où notre peuple est sorti. Les Black Hills sont au centre de nos connaissances astronomiques", dit Victor Douville du Sicangu Treary Council. Il ajoute "Ils disent que la forêt a besoin d'être coupée afin qu'une nouvelle "récolte" puisse pousser. Ce que nous proposons, c'est de laisser les choses se faire de manière naturelle. Laissons la nature en prendre soin".

En février dernier, le Sicangu Treary Council adressait aux responsables de l'Office fédéral des forêts au nom de la tribu de Rosebud une lettre à laquelle il n'avait toujours pas été répondu en novembre. "Les Lakora sont en relation avec les Black Hills depuis plus de 3 000 ans", écrivait dans cette lettre Leroy Rattling Leaf :

"Depuis ce temps, nous avons appris beaucoup de choses sur les Black Hills et ce qu'elles signifient pour nous. Nous avons appris que c'est à nous que Wakan Tanka a donné accès aux Black Hills. Aussi, nous devons en partager les ressources avec toutes les formes de vie. Nous avons appris que nous, les hommes, nous avons un lien avec les animaux à quatre jambes et aussi avec les plantes, les oiseaux, les insectes, les reptiles et les plus petits des êtres vivants. Nous avons appris que le rocher, l'air et l'eau ont des pouvoirs spéciaux qui nous donnent la vie.

Nous avons appris que tous, y compris les formes non-humaines, se rejoignent en un cercle qui nous lie les uns aux autres en une relation de parenté. Nous avons appris que si l'une des formes de vie se trouve affaiblie ou détruite, alors cet important lien s en trouve affecté et le cercle tout entier est menacé. Nous avons une relation symbolique de parenté avec toutes les formes de vie qui se trouvent dans ce cercle, et ce que nous faisons au cercle, nous le faisons à nous-mêmes. Nous exprimons cette relation de parenté par Mitakuye Oyas'in (Nous sommes tous parents !)

Les Sioux-Yanktonnai qui partagent avec les Assiniboine la réserve de Fort Peck, ont décidé le 12 novembre 1997, d'accepter par référendum l'argent qui leur revient sur Docket 74-A. Cet argent n'est pas celui de l'indemnité des Black Hills (Docket 74-B) mais correspond à la perte des territoires de chasse que le traité de Fort Laramie de 1868 avait reconnus aux Sioux et à leurs alliés. La justice avait séparé le cas des territoires de chasse et celui des Black Hills.

Les Yanktonnai de Fort Peck n'ont donc pas "vendu les Black Hills", mais leur acceptation de l'indemnité pour les territoires apparaît comme une rupture de la solidarité des nations sioux vis-à-vis de leurs droits reconnus par le traité de 1868.

Une réunion des nations sioux parties prenantes dans le traité de 1868 s'est tenue en décembre à Rapid City, en présence d'un conseiller tribal des Yanktonnai de Fort Peck. Les délégués lakota et santee se sont vivement opposés à la décision prise à Fort Peck au nom du respect du traité qui fonde juridiquement le droit de la Grande Nation Sioux à son territoire et de la solidarité entre les nations auxquelles ce territoire avait été reconnu collectivement. Le représentant de Fort Peck a dit accepter de se soumettre à la volonté des autres nations. La conférence a aussi exprimé le désir de voir restituer aux Sioux les terres sous statut fédéral qui se trouvent sur les territoires concernés par Docket 74-A en particulier les federal grasslands du Wyoming qui renferment des gisements de charbon.

Les sculptures géantes du Mont Rushmore - situé au cœur des Black HilIs, la terre sacrée des Sioux - sont une profanation infligée à notre Mère la Terre et une insulte à toutes les nations lakota. Il est souvent prétendu que le Mont Rushmore est "le Sanctuaire de la démocratie". Vous verrez, en lisant ce qui suit, que l'Amérique s'est construite au prix du sang et de la vie des nations indiennes. Nous nous demandons quel genre de démocratie ce sanctuaire représente. Les quatre visages creusés dans les montagnes volées aux Indiens sont censés représenter les quatre présidents américains les plus connus. Ayant puisé leurs idéaux démocratiques dans la société iroquoise, les pères Fondateurs de l'Amerique sont redevables aux Indiens de leur simple survie. Mais les présidents représentés dans nos Black Hills sacrées avaient tous trahi l'idéal démocratique qu'ils étaient chargés de défendre.

Ces pères Fondateurs de l'Amérique ont en commun une caractéristique : tous les quatre ont fait l'apologie de la suprématie blanche et préconisé la destruction de la société indienne. Ils ont tous, à un moment ou a un autre, prêté la main au génocide des peuples indigènes de cet hémisphère. Quitte à visiter un site et malgré la controverse qu'il procure vous pouvez visiter le mémorial consacré à la gloire de Crazy Horse (ce qu'il n'aurait certainement pas accepté de son vivant !)

Source : Article issu de la revue Nitassinan
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